L’interview de Mauro Stemberger
Mauro Stemberger, artiste italien que nous avons rencontré à Saulieu en 2013, nous présente sa vision du bonsaï, et répond à nos questions...
Q : Le bonsaï t’es tombé dedans comment ?
Quand j’avais 14 ans, j’ai vu des bonsaï de production chez un fleuriste et j’ai été fasciné. Depuis lors les bonsaï font partie intégrante de ma vie !
Q : Ton premier bonsaï, tu t’en souviens ? C’était quand ? C’était quoi ? Tu l’as encore ?
J’avais acheté un petit serissa et je me souviens avoir été tellement fier quand il avait produit de jolies petites fleurs blanches. Depuis cette époque, en 1994, ma collection a beaucoup changé !
Q : Tes premiers conseils sur la culture des bonsaïs, tu les as trouvés où ?
Quand j’ai débuté, j’ai acheté tous les livres et magazines que je pouvais trouver, mais les meilleurs conseils que j’ai obtenu je les ai reçus au club de bonsaï local.
Q : Quel est ton arbre préféré ou ton essence préférée ?
J’aime vraiment travailler les pins. Mugos et Sylvestres m’ont donné beaucoup de satisfaction. Je peux prélever de très beaux pins mugo à une heure de chez moi ainsi que quelques pins sylvestre. J’adore la façon dont les conditions de vie les ont torturés et ont donné ces formes uniques.
- Pin sylvestre (Pinus sylvestris)
Q : Y a-t-il un bonsaïka connu qui t’inspire ?
J’aime voir le travail fait par les autres bonsaika ; j’aime aussi voir comment le bonsaï a changé au cours des dernières années. La nouvelle génération fait du bon travail ! Bjorn, Ryan, Savini, Invernizzi sont des gens à observer de près si on veut faire du bonsaï de façon moderne.
Q : Ta collection, elle s’est agrandie ou s’agrandit comment ?
Quand j’ai commencé à faire du bonsaï de façon professionnelle, ma première motivation fut de construire une collection exceptionnelle. J’adore me balader dans mon jardin pour admirer mes arbres. Je cherche toujours du matériel d’exception pour mes mises en forme, mais j’achete aussi des arbres du Japon ou des bonsaï européens. J’adore créer, mais je suis aussi un collectionneur.
Q : Que préfères-tu et que détestes tu dans le bonsaï ?
Ce que j’aime le plus dans le bonsaï c’est le processus de création. J’aime cultiver et préparer des arbres pendant 2 ou 3 ans pour enfin les travailler pour la première fois. J’adore chercher la beauté cachée d’un arbre, essayer de lui donner une âme.
Ce que je n’aime pas dans le bonsaï c’est sa politique. Pour moi le bonsaï c’est le partage, la politique tue cet état d’esprit.
- Pin sylvestre (Pinus sylvestris)
Q : Es-tu uniquement bonsaï ou arts associés aussi ?
Je suis architecte. J’essaie de travailler des œuvres d’art tous les jours, mais je ne pense pas qu’il y ait une réelle connexion entre bonsaï et architecture. L’art c’est le partage. Quand je fais du bonsaï j’essaie de partager mon art autant que quand je dessine une nouvelle maison.
Q : Tes projets bonsaï pour le futur ?
Heureusement pour moi, j’ai déjà un planning chargé pour cette année : un grand tour en Australie et d’autres aux Etats Unis et en Amérique du Sud.
Je vais aussi bien sûr travailler sur mes arbres et continuer de les exposer aux meilleures expositions européennes.
C’est mon programme. Le plus important pour moi est de continuer à me faire plaisir avec le bonsaï.
Q : Fais-tu partie d’un club ? Oui ? Non ? Pourquoi ?
J’étais président de mon club local pendant dix ans et président de l’association italienne de bonsaï pendant 3 ans. Je crois sincèrement à l’importance de ces échanges pour la connaissance globale et la progression du bonsaï.
Q : Combien de temps par semaine consacres-tu à ta passion ?
Tout mon temps est consacré aux bonsaï. Le bonsaï est sans fin ! Même quand je suis à mon bureau je pense au bonsaï ou à comment organiser mon planning bonsaï. C’est une addiction !! Haha
Q : Que te manque-t-il pour progresser dans le bonsaï ?
Chacun a toujours à s’améliorer, je pense donc que mon apprentissage du bonsaï est toujours aussi important. J’apprends tous les jours, y compris de mes élèves. On partage nos expériences et on cultive ensemble. Pour moi c’est vraiment important.
Q : si tu avais un souhait, ou une proposition pour le développement du bonsaï en France, qu’est-ce que ce serait ?
Selon moi, la France a un très grand potentiel dans le bonsaï. Il y a de très beaux sites de prélèvement et de nombreuses personnes passionnées. Ce qu’il faut c’est quelqu’un qui aide cette communauté à grandir pour atteindre le niveau suivant. La nouvelle génération sera ainsi sur le bon chemin.